Parce que j'aime écrire, parce que il me faut écrire...

Cher R…….

Comme je suis contente d’avoir reçu de tes nouvelles aussi vite.

Je me disais « vivement mercredi », mais je n’ai pas eu à attendre aussi longtemps. Ta lettre m’a redonné un peu de gaieté, mais pas pour longtemps. En la lisant, je n’ai pas pu m’empêcher de trembler et après le repas, je suis montée dans ma chambre. Devine ce que j’ai fait, ce n’est pas compliqué : j’ai pleuré. C’est la plus merveilleuse des lettres que j’ai reçu jusqu’à maintenant. Tu me demandes pardon pour ce que tu as pu me dire mais c’est moi qui devrais te demander pardon. J’ai été détestable pendant ces vacances et tu aurais mérité beaucoup plus de bonheur. Je suis sincère en te disant cela.

Au sujet de Guy, je ne l’ai pas quitté. Samedi après midi, il est venu chez moi, je dormais. Alors il est revenu dimanche et nous sommes allés nous promener à pieds. Tout va recommencer comme avant entre lui et moi. Je suis trop faible pour en finir. J’ai trop peur de me retrouver seule. Tu sais, je ne m’entends pas toujours très bien avec mes frères et sœurs et, maintenant, Bénédicte me lâche aussi. Il faut bien que je me raccroche à quelqu’un. Et ce quelqu’un, c’est Guy. Il essaie toujours de me comprendre et de me protéger. Il n’aime pas me voir triste. Tu vas me traiter de folle, mais je suis convaincue qu’il m’aime.

Quand je te disais que tout va recommencer comme avant, j’aurais dû rajouter un « presque ». Même si je suis sûre de son amour, je doute du mien. Tu as pris une grande place dans mon cœur et je ne t’oublierais pas. Je crois que si tu avais habité prés de chez moi, j’aurais abandonné Guy pour toi. Et je ne mens pas. Mais tout nous sépare déjà.

Je pense très souvent à toi. Depuis mon retour, je ne sais plus vraiment où j’en suis.

Promets moi de m’aider à quitter Guy si un jour j’en ai vraiment marre.

En tout cas, je vais essayer de profiter de ma vie et je ne prendrais plus garde à ce que les autres peuvent penser de ma conduite. Il faut que je réussisse à me débrouiller toute seule et à ne plus me faire guider ni par Bénédicte, ni par Guy. Toi tu aurais réussi, j’en suis sûre.

J’arrive à la fin de ma lettre et j’ai enfin le courage de te dire que je t’ai aimé et que je t’aime encore. Ce n’est pas pour te faire plaisir que je dis cela, je le pense réellement. J’ai été trop bête et trop méchante pour ne pas le montrer davantage. Aujourd’hui, tu es loin de moi et je m’en rends compte. Mais il est peut-être trop tard.

Tu seras sans doute d’accord avec ceci : …. Le bonheur est composé de tant de piéces qu’il en manque toujours……

A mon tour je te dis de profiter de la vie. Ne laisse pas tomber toutes les filles parce que tu m’as connue. Je n’en vaux pas la peine. Il y en aura sans doute plus d’une qui pourra te rendre heureux.

J’espère quand même te revoir….

Ne change pas, reste toujours comme je t’ai connu et tu trouveras le bonheur.

Je t’embrasse tendrement