Parce que j'aime écrire, parce que il me faut écrire...

J’aime me promener seul. Partir à pieds de chez-moi et m’engouffrer dans le premier sentier. Marcher, prendre un chemin à droite, suivre un ruisseau à gauche, aller où me guident mes pas.
Parfois, pour changer, je pars en voiture, m’arrête n’importe où et m’engouffre dans une forêt.
Je marche, je regarde la cime des arbres, inspecte le sol à la recherche de traces animales, observe la flore et écoute la faune.

J’aime entendre, sur ma droite ou sur ma gauche, un bruit à mon approche. J’imagine alors que c’est un lapin que mon arrivée dérange ou un lézard, un écureuil….
rien ne me fait plus plaisir que de voir un écureuil effrayé grimper à toute vitesse en haut du premier arbre qui s’offre à lui. Je trouve cela charmant, mignon. Des bruits, des odeurs, des sensations inégalables.
Il m’est arrivé de frissonner aussi. Les fois où le bruit est plus fort que les autres et se rapproche… J’imagine qu’il s’agit alors d’un sanglier, d’un chevreuil …. Je me sens alors encore plus petit.

Mais ces frissons participent à rendre ces sorties géniales et reposantes.

Il y a prés de chez-moi une immense forêt de marronniers avec, en son centre, un grand lac. J’y vais dés que je peux.

Au printemps, il y a ce parfum caractéristique de ces arbres ( l’odeur de la fleur de marronnier est …. particulière à mon sens ).
La forêt entière embaume et on oublie toute notion de temps et d’époque. Il n’y a plus ni villes, ni voitures, ni pollution… plus aucun signe de la vie moderne.

A la fin du  printemps, toutes ces fleurs sont tombées à terre. Elles jonchent le sol et on avance alors sur un tapis blanc parfumé. La sensation est indescriptible. Un mélange de magie , de confort, de rêves, de bien être, de réalité …. Formidable.

A l’automne, il n’y a plus de fleurs, le sol est alors couvert de feuilles mortes et de marrons. On a du mal à avancer, nos pas s’enfoncent et roulent. Nouvelles sensations, nouveau décor, nouveau monde.

La semaine dernière, je me suis aventuré sur un nouveau sentier. J’ai marché, tous les sens en éveil. Je veux voir chaque fleur, chaque feuille, chaque herbe …. Je veux entendre chaque pas d’animal, chaque cris, chaque mouvement…… je veux sentir le moindre parfum de fleur, de champignon, de mousse….

J’ai marché ainsi pendant une bonne heure. Je tournais à droite, à gauche, je coupais à travers la forêt, me frayais un chemin à travers ronces et branches. L’atmosphère se faisait plus humide, plus froide … je m’approchais d’un point d’eau, je le sentais. Je continuais à marcher, perdu dans mes pensées. Le bruit d’un petit torrent me ramenait à la réalité.

J’aime ces points d’eau en forêt. On y fait des rencontres. Ce jour là, j’ai fait la connaissance de 2 salamandres, un triton et huit grenouilles. Des rencontres sans lendemain ….bien sûr…., mais des rencontres qui, à mes yeux, sont toujours magiques.

J’ai pris le temps de scruter le sol pré de ce gué pour y découvrir des empreintes de pas. Lapin par ci, sanglier par là. Quelques écorces de pommes de pin m’ont laissé penser qu’un écureuil était passé récemment au dessus de ma tête.

J’ai soudain eu envie de tremper mes pieds dans ce petit torrent. J’ai ôté chaussures et chaussettes et j’ai remonté mon jean’s jusqu’aux genoux. J’ai alors posé délicatement mes pieds dans cette eau fraîche et me suis assoupi.

La vague est arrivée. Balayant tout sur son chemin. Adieu salamandre, triton et autres écureuils. J’ai été submergé et entraîné sur des centaines de mètres. Je ne pouvais plus respirer, j’étais entouré d’eau, j’allais mourir. Subitement, alors que je me croyais perdu, le col de mon tee-shirt s’est accroché à une branche. Je n’ai pas réalisé sur le coup, mais cette branche m’a hissé hors de l’eau …. Ce bout de bois était en fait un bras …. Le bras puissant de mon père qui me sauvait la vie. Il m’a tiré hors de l’eau et m’allongé sur un tapis de mousse tendre. Un massage et quelques mouvement respiratoires plus tard, j’étais totalement ranimé.

Il s’est éloigné sans me dire un mot et a regagné la petite maison qui se trouvait à une trentaine de mètres. Un femme et cinq enfants l’attendaient, ma mère, mes frères et mes sœurs. Je me suis vu heureux, souriant, jouant avec un camion …..

Ce sont les déchets d’une pomme de pin jetés par un écureuil affamé à quinze mètres au dessus de moi qui m’ont tiré de mon sommeil. Ils me tombaient sur la tête…..Mon réveil en sursaut l’a effrayé, il est parti plus loin ou plus haut.
J’ai remis chaussures et chaussettes, je suis rentré chez-moi. J’avais passé un bon après-midi.