Parce que j'aime écrire, parce que il me faut écrire...

Nous sommes tes enfants, nous ne te ressemblons pas.
Nous t’appelons « Maman », tu n’es pas notre mère.
Tu nous as eu tous les cinq le même jour, nous ne sommes pas des quintuplés.

Quatre autres sont arrivés peu de temps sans qu’on ait vue enceinte.
Ils sont nos frères et nos sœurs, nos noms sont pourtant différents.

Tes parents sont devenus nos grands-parents.
Tes frères et tes sœurs sont devenus nos oncles et nos tantes.

Pour l’état civil, pour l’administration, tu n’as pas d’enfants. Pourtant, nous sommes bien là.

Tu n’as sans doute jamais connu l’amour physique, uniquement l’amour maternel.
Aucun homme ne t’a dit « je t’aime », mais neuf enfants te le chantaient à la fête des mères.

Tu as eu neuf enfants à aimer, à nourrir, à aider le soir pour leurs devoirs, à endormir….
Aucun homme pour te seconder, pour t’aider à chaque instant, pour te consoler …..
Organiser les journées, déposer à l’école, préparer les repas, envoyer en colonie…

Rassurer dans les cauchemars, disputer après les bêtises, consoler dans la tristesse….

Les enfants d’à coté traînaient parfois tard le soir dehors Toi, tu nous faisais rentrer…

Tu voulais qu’on travaille bien à l’école, qu’on réussisse….

Il y a eu des colères, des refus de l’autorité. Je t’ai entendue pleurer certains soirs dans ton lit…

Il y a eu, pour toi, des moments merveilleux et des moments très difficiles….

Aujourd’hui, quand tu penses à nous, que te dis-tu ?

Nous sommes éparpillés sur tout le territoire.
J’essaie de t’appeler régulièrement….. Tu me dis que certains ne te téléphonent jamais….

Je passe te voir une fois par an….. Certains, plus proches, ne passent jamais….

Certains parmi nous ont réussi leur vie au-delà de tes espérances…
Certains parmi nous ont gâché la chance qu’ils ont eu d’arriver chez-toi ….

Mais, je te rassure : Tu as été la meilleure mère que nous aurions pu avoir.
Nous n’avions plus aucune chance, tu nous en as redonnée.
Nous n’avions plus personne pour nous câliner, tu es arrivée.
Nous n’avions plus de maman, tu l’es devenue.

Tu ne liras jamais ce texte mais, des larmes dans les yeux, je te dis quand même : Merci maman !