Parce que j'aime écrire, parce que il me faut écrire...

                                                   Les visites

            Il est là, dans son cercueil.

On a pris un cercueil simple et de basse qualité, car c’est pour le brûler.

Je m’approche, je le regarde une dernière fois.

Je ne voulais pas le revoir, pas comme ça. Et puis, j’ai cédé.

Je voulais garder l’image du visage si souvent embrassé, si souvent caressé…

Il était là, je devais m’y résigner.

Il ne bougerait plus, ne me dévorerait plus des yeux, ne me parlerait plus, ne me ferait plus ses fameuses grimaces, ne jouerait plus avec moi.

On l’avait habillé avec son fameux jean’s Lee Cooper LC14 taille 31 et avec son tee-shirt Teddy Smith. Il faisait presque normal, presque vivant.

J’ai passé deux jours dans cet affreux endroit.

Je comptais les gens qui entraient, je regardais leur visage, leurs mimiques. Papa en aurait sourit.

Il y’avait des visiteurs petits, des grands, certains étaient en couple, d’autres seuls.

Il y’avait des jeunes, des vieux ( ? ), des moches et des beaux.

Certains pleuraient, d’autres essayaient de rester de marbre.

Je pense que parmi tous ces gens, il devait y avoir des élèves à mon papa.

Des collègues avaient sans doute fait aussi l’effort de venir.

Les autres étaient sûrement des amis ou des connaissances.

J’en connaissais quand même pas mal, les principaux, ceux qui passaient régulièrement à la maison.

Quelques uns s’approchaient de moi, me faisaient une caresse sur la joue et essayaient de me dire un ou deux mots gentils.

-         Tu es bien courageuse Valentine, ton papa serait fière de toi.

-         Pauvre petite, ton père t’aimait tant

Tout cela était gentil de leur part, mais ça ne me faisait ni chaud ni froid !

Le temps paraissait long dans cet endroit, mais je ne voulais pas que mon papa se sente seul. Je voulais rester le plus longtemps possible avec lui.

Le temps me paraissait long jusqu’au moment où elle est entrée.

Une silhouette, un visage, une allure …

On aurait dit un ange. Peut-être venait-elle chercher l’âme de mon papa.

Elle est entrée, mais ne s’est pas approchée du cercueil. Elle semblait émue, triste.

Je ne la connaissais pas, mais elle semblait gentille, émotive, une femme bien. Elle est restée 15 minutes, à se recueillir, à penser.

Mais à quoi pensait-elle ? Qui était-elle ? Que représentait papa pour elle ?

C’est avec ces questions en tête que je quittais le funérarium en fin de journée.

Demain, papa disparaîtra pour toujours.